Comprendre la crise au Mali en quelques points clés

Manifestants dans une rue d'une ville malienne

Nouveau coup de théâtre au Mali avec un coup d’État militaire qui secoue cette semaine le pays, déjà en proie à une instabilité politique persistante depuis juin 2020. Depuis 2012, le Mali vacille sous le poids d’une crise aux multiples facettes, exacerbée par la violence islamiste qui déstabilise toute la région. Plongée au cœur de cette tourmente avec Denis Bouclon !

Aux origines de la crise malienne

Le Mali, immense territoire traversé de tensions intercommunales depuis son ascension à l’indépendance en 1960, a vu sa stabilité s’éroder de manière dramatique en 2012… Cette année-là, une insurrection menée par les Touaregs a rapidement basculé sous la coupe de factions islamistes liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique, entraînant la prise de contrôle de trois régions nordiques majeures : Kidal, Gao et Tombouctou, où la version de la charia de ces groupes a été imposée.

La crise a plongé le pays dans le chaos, exacerbé par un coup d’Etat militaire qui renversa le président Amadou Toumani Touré, critiqué pour sa gestion jugée défaillante de la rébellion. En réponse à l’escalade de la violence djihadiste, le président de transition Dioncounda Traoré sollicita l’intervention française, déclenchant l’opération Serval. L’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2013, avec 77,61 % des voix, semblait un retour à la normale, appuyée par la signature d’un accord de paix en 2015 entre le gouvernement et les rebelles séparatistes du Nord. Cependant, la situation restait volatile, avec des violences persistantes liées aux djihadistes, des tensions intercommunautaires et des trafics divers, mettant à mal l’autorité de l’Etat.

L’emprise régionale des djihadistes au Mali

Les violences djihadistes, originellement cantonnées au nord du Mali, se sont progressivement étendues au centre du pays et même au-delà des frontières maliennes, et actuellement, le paysage djihadiste malien se divise en deux principaux blocs. A l’ouest, Al-Qaïda marque sa présence à travers deux factions influentes : la première, dirigée par Iyad Ag Ghaly, opère depuis le nord-ouest, tandis que la seconde, sous la houlette d’Amadou Koufa, issue de l’ethnie peul, prédomine au centre-ouest, notamment dans la région du Macina. Ensemble, ces mouvements constituent le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans.

A l’est, dans la zone stratégique des « trois frontières », s’érige une autre force majeure, allégeante de l’Etat Islamique et connue sous le nom d’Etat Islamique au Grand Sahara, dirigée par Al-Sahraoui. C’est principalement contre cette entité que se sont concentrées les opérations militaires depuis le sommet de Pau en février 2020. Toutefois, les récents événements au Niger pourraient, selon Bruno Clément-Bollée, ancien directeur de la coopération de sécurité et de défense du Quai d’Orsay, amener à une réévaluation des stratégies militaires en cours.

Quid de l’engagement de la France au Mali ?

En réponse à l’appel de Dioncounda Traoré, président par intérim, la France a déployé l’opération « Serval » en 2013 au Mali, rapidement suivie par « Barkhane » en 2014, dans le but de contrer la menace djihadiste au Sahel. Lors du sommet de Pau en février 2020, l’engagement français s’est intensifié, passant de 4 600 à 5 100 soldats sur le terrain de cette ancienne colonie.

Mais la France n’agit pas seule… Bruno Clément-Bollée, ancien directeur de la coopération de sécurité et de défense du Quai d’Orsay, souligne l’aspect international de ces missions : aux côtés des troupes françaises opèrent la Minusma, une des missions les plus importantes de l’ONU, et l’Union européenne avec la task force Takuba. La force antidjihadiste du G5 Sahel, composée de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, est également impliquée depuis fin 2017.

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